Struthof

Pourquoi peindre le paysage vu d'un camp de concentration ?

J'ai eu l'idée de ce projet il y a 15 ans, lors de ma première visite au Struthof mais c'est la guerre en ex-Yougoslavie qui m'en a dicté l'urgence. Pour moi, la peinture se rapproche du concept de la compassion c'est-à-dire : "souffrir avec". Sur place, j'ai été bouleversé par la présence paradoxale de la beauté et de la souffrance. 

Il y a 100 tableaux dans cette série, un tableau pour chaque année de ce siècle. C'est la première fois dans l'histoire, au cours de ce XXe siècle, que l'extermination d'humains a été industrialisée. Cet holocauste aurait dû constituer une prise de conscience pour l'humanité et pourtant des opinions banales peuvent nous faire basculer à tout moment: "Je ne suis pas raciste, mais..."

Ma peinture, est une offrande, un acte de solidarité envers toutes ces victimes. Sa puissance peut sembler dérisoire face à de tels drames mais je crois que si chacun s'implique personnellement avec son talent, sa force, son cœur et sa conscience, peut-être l'humanité pourra redevenir digne de la terre.
 

Roger Dale - 9.10.1994